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vendredi 23 mai 2014

Le Cycle des Démons, de Peter V. Brett

L'auteur : Né en 1973, Peter V. Brett est un auteur originaire et vivant aux USA. Il écrit en marge d'un travail de bureau ne lui plaisant pas beaucoup sans parvenir à convaincre avec ses premiers romans, jusqu'à ce que Del Rey Books accepte son manuscrit de L'Homme-Rune. Le succès de la saga lui permettra finalement de quitter son emploi pour devenir auteur à temps plein.


Tome 1 : L'Homme-Rune

Illustration : Miguel Coimbra
Présentation de l'éditeur : Dans le monde du jeune Arlen, dès que le soleil se couche, les démons sortent de terre et dévorent les êtres vivants. Leur seul espoir de survie est de s'abriter derrière des runes magiques. Seule une poignée de Messagers bravent la nuit pour relier les hameaux dont les habitants ne s'éloignent jamais.
Mais lorsqu'une terrible tragédie le frappe, le jeune Arlen décide qu'il ne veut plus vivre dans la peur : il quitte sa ferme et part sur les routes en quête d'un moyen de se battre contre les démons et de les vaincre.



Trois cents ans après le Retour des démons, la situation des hommes est pour le moins catastrophique. Les magies et technologies qui leur avaient apporté la victoire pendant la première guerre démoniaque sont oubliées depuis des siècles, et si le soleil est mortel pour les monstres, la nuit leur appartient. Les hommes en sont réduits à se cacher derrière des runes défensives à l'efficacité limitée. C'en est au point où la plupart des hommes vivent reclus dans leur hameaux, car les voyages de nuit sont promesse de mort pour presque tout le monde : même les Messagers, pourtant plus braves et mieux formés, ne sont pas à l'abri.
C'est dans ce contexte que nous suivons l'enfance et l'entrée dans l'âge adulte d'Arlen, Leesha et Rojer. Vont-ils pouvoir changer la situation, et comment ?

On peut regretter quelques faiblesses dans l'écriture, même s'il n'y a rien de catastrophique pour un premier roman publié. Le mode de narration est intéressant : on se promène d'avant en arrière dans la chronologie pour suivre les événements importants, ce qui permet d'avoir une certaine vision d'ensemble. Le problème, c'est que cela finit par donner l'impression que les choses n'avancent pas beaucoup.Ce n'est cependant pas si grave, puisque ce premier tome se concentre clairement sur l'évolution des trois personnages principaux et la présentation des bases de l'histoire. Parmi les choses plus gênantes, il y a l'utilisation un peu malheureuse de quelques clichés : la vision stéréotypée des sarrasins sur laquelle le peuple krasien est construit est particulièrement agaçante, et il faut espérer que cela gagne en profondeur plus tard. Il y a aussi un ou deux problèmes de vraisemblance d'autant plus regrettables qu'ils gâchent un peu un bon roman.

Malgré cela, ce premier tome reste efficace. J'ai trouvé le personnage d'Arlen très intéressant dans l'ensemble. De manière générale l'évolution des trois personnages est intéressante à suivre, même s'il y a à redire à propos de Leesha : son développement semble en déséquilibre par rapport aux deux autres. Elle en devient d'ailleurs moins crédible en tant que personnage, et il faut espérer que l'auteur sait où il va à son propos pour la suite du cycle.

Au final, le roman pose assez correctement la plupart des bases, et il reste à voir comment l'histoire va évoluer. Le monde développé par Peter Brett et ses personnages principaux sont suffisamment intéressants pour donner envie de poursuivre ce cycle.



Illustration : Miguel Coimbra

Présentation de l'éditeur : Arlen a appris à survivre dans un monde hostile, hanté par des démons. Au lieu de se terrer comme les siens, le jeune homme choisit de se battre et devient un héros malgré lui. Mais l'homme qui se proclame le Libérateur n'est autre que Ahmann, son ancien frère d'armes qui l'a trahi. Ce dernier détient une arme redoutable et lance son armée dans une conquête impitoyable. Et les deux ennemis s'apprêtent à livrer une guerre sans merci contre les démons.


Un tome que j'ai trouvé plutôt décevant ; mais il y a suffisamment de points positifs pour garder un bon niveau et pousser à continuer le cycle.

Peter Brett fait jouer à fond son mode de narration pour présenter une image globale de la situation. En l'occurrence, on remonte le temps pour apprendre à connaître Ahmann Jardir à travers son ascension au pouvoir à Krasia. On plonge d'avantage dans la description de la société krasienne : cela permet d'amoindrir l'effet cliché du tome 1, mais les quelques nuances introduites ne sont pas suffisantes pour en chasser la vision très stéréotypée, même si elles sont bienvenues. On apprend à mieux connaître et comprendre Jardir, mais il semble y avoir quelques maladresses qui finissent par lui faire perdre de l'envergure (impossible de donner des détails sans spoiler). On gagne un autre regard sur certains événements, mais du coup l'intrigue principale avance sans doute trop peu.

Frustrant, c'est sans doute le terme qui caractérise le mieux ce tome. Des pistes intéressantes et de bonnes choses, mais trop souvent peu ou mal approfondies à mon goût. Le choc culturel de la rencontre entre les krasiens et la délégation de Leesha est enthousiasmant, mais peut-être trop peu approfondi. Le retour de Renna et son évolution sont intéressants, mais arrivent trop brusquement et progressent trop rapidement du point de vue de la crédibilité. Et puis il y a Leesha, principale source de frustration dans ce tome. Dans le premier tome son évolution laissait un peu à désirer, mais ici on dirait carrément que l'auteur ne sait pas vraiment quoi faire d'elle. Son indécision est bien trop exagérée. Cela aurait pu être une bonne manière de la présenter comme dépassée par les événements et un peu perdue, mais l'auteur en fait trop. Il l'amène jusqu'à la contradiction de la plupart des traits qui la caractérisaient, au point qu'elle génère trop d'incohérence et d'invraisemblance en trop peu de temps. On a l'impression que Brett l'a sacrifiée au profit des personnages d'Inevera et surtout de Renna dans ce tome. C'est son choix, mais sur ce point il a vraiment manqué de subtilité.

Mais tout n'est pas noir dans ce tome, heureusement. Le cheminement d'Arlen pour sortir de la folie de l'Homme-Rune est très agréable à suivre. Le personnage de Renna réussit à gagner rapidement la sympathie du lecteur, et l'interaction Arlen-Renna commence bien. La prise d'épaisseur côté démons avec l'introduction de princelets chtoniens est très bienvenue et introduit ce qu'il faut de tension avec une montée des enjeux de la guerre qui se prépare. Côté guerre et enjeux, la course contre la montre lancée par Jardir introduit ce qu'il faut de tension, puisqu'il s'agit maintenant de savoir si la "guerre du jour" ne compromettra pas les chances de gagner face aux démons. Par ailleurs on avance lentement mais sûrement vers le deuxième round de la confrontation Arlen - Jardir. Rojer semble un peu effacé dans ce tome, mais l'auteur a dévoilé des pistes intéressantes pour le futur. L'un dans l'autre, Peter Brett s'est bien débrouillé pour nous placer dans une situation d'attente non seulement à propos de l'intrigue principale mais aussi de plusieurs personnages et intrigues secondaires. De quoi se plonger avidement dans le troisième tome, en espérant que les défauts de ce tome 2 ne compromettent pas la suite du cycle.

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